Après une longue absence un inconnu revient à Moret-sur-Raguse, son village d’enfance. Epuisé par son long voyage il finit par s’assoupir au milieu des tombes. C’est là que débute la pièce : les défunts viennent tour à tour ressasser leur vie et leur mort, exprimant chacun ses regrets, rancoeurs, joies, peines, obsessions, secrets ou pensées.
La mastication des morts ramène à la vie 192 personnages décédés entre 1837 et 1997. Par son maniement de la langue, Patrick Kermann réussit à donner une identité propre à chacun de ces revenants tout en tissant méticuleusement la toile du microcosme d’un village rural français. Ces paroles d’outre tombe, captées comme des fragments de vies, s’enchevêtrent les unes avec les autres, se croisent, se répondent, nous laissant découvrir au delà des histoires individuelles les secrets de familles et les petites histoires d’un village. Couvrant toutes les classes sociales, de la paysannerie à la monarchie, évoquant les grands problèmes sociaux (le viol, l’inceste, le militantisme, l’homosexualité, etc.) et retraçant tous les moments forts du 20ème siècle (1ère et 2nd guerres mondiales, mai 68, guerre d’Algérie, etc.), Patrick Kermann constitue avec La mastication des morts une étude sociologique de la France.
Patrick Kermann livre là le travail le plus abouti de son parcours artistique et compose ce qu’il nomme lui-même une « polyphonie de l’au-delà ». Tantôt drôles, ironiques, cyniques ou crus, ces textes ne sont pas une vision morbide de la vie mais une « joyeuse réconciliation » entre la vie et les êtres qui la composent.
Informations pratiques
La mastication des morts
Texte de Patrick Kermann Mise en scène, scénographie, direction artistique : Yves Auger Durée du spectacle 90 minutes environ